ZFE de Lille : seuls les véhicules non classés seront exclus en 2025
Le 18 octobre 2024, le Conseil de la Métropole de Lille a acté la mise en œuvre de sa Zone à faibles émissions dès le 1er janvier 2025, en appliquant les restrictions des « territoires de vigilance ». On fait un point à date sur le déploiement de cette ZFE concernera les 95 communes de la métropole.
Pourquoi une ZFE dans la métropole de Lille ?
La métropole de Lille (MEL) est concernée par la mise en œuvre d’une zone à faibles émissions mobilité (ZFE-m) dans le cadre de la loi climat et résilience de 2021, au même titre que 41 autres métropoles françaises de plus de 150 000 habitants. Conformément à la loi, la ZFE doit être déployée au plus tard le 1er janvier 2025. « L’interdiction de la circulation pour les véhicules les plus polluants s’appliquera jour et nuit, tout au long de l’année et pas seulement en cas de pic de pollution comme c’était le cas jusque-là. Il s’agit ainsi d’agir sur la pollution de fond et de contribuer ainsi à améliorer la qualité de l’air de façon permanente et durable », a précisé la métropole dès le début de la construction du dispositif. Les résultats espérés par la Métropole à l’intérieur de la ZFE : « Moins 31 % d’oxydes d’azote et moins 36 % de particules très fines ». Rappelons que la pollution de l’air provoque environ 48 000 décès prématurés chaque année en France.
Le périmètre de la ZFE de Lille : encore à définir
Cette ZFE-m s’étendra sur tout le territoire de la Métropole, à savoir 95 communes, ainsi que les axes routiers structurants : A1, A25, A22, A27, A23, N227, N356, N41, N47. À l’annonce de sa mise en œuvre en 2019, la ZFE-m ne devait concerner que 11 communes de la métropole, mais en avril 2022, la métropole a annoncé que ce périmètre serait élargi aux 95 communes qui la composent. Ceci afin que, comme l’exige la loi, au moins 50 % de la population de la métropole soit concernée.
Interdiction des véhicules non classés dès le 1er janvier 2025
Les élus des 95 communes concernées ont été consultés en 2022. Puis, en 2023, ce fut au tour des citoyens et professionnels exerçant dans la métropole d'être sollicités. À l’issue de cette concertation citoyenne, 2 scénarios de ZFE étaient sur la table : interdire la circulation des seuls véhicules non classés au sein de la ZFE, ou bien interdire également la circulation des véhicules Crit'Air 5 et 4. La Métropole a fait savoir début 2024 qu'elle optait pour le second scénario, le plus "strict", qui suit les recommandations de la loi Climat et résilience de 2021. Un choix survenu plusieurs mois après la clarification du gouvernement sur les règles d'interdiction de circulation dans les ZFE : Lille fait partie des "Territoires de vigilance", pour lesquels la seule obligation législative est d'interdire la circulation des véhicules non classés.
Finalement le 18 octobre 2024, le Conseil de la métropole a acté la mise en œuvre du premier scénario, n’excluant que les véhicules non classés. « À ce jour, environ 6 200 véhicules sont concernés par cette mesure, tous types confondus (voitures particulières, deux-roues, utilitaires, etc.) », précise la Métropole de Lille dans un communiqué.
Plusieurs dérogations prévues
Mais pour ne pas imposer une réglementation perçue comme discriminante et pour éviter d'exclure trop d'habitants, la Métropole a prévu plusieurs dérogations :
- Pour les petits rouleurs, dans la limite de 8 000 km par an.
- Pour les conducteurs en possession d’une carte “pass pass” support d’un abonnement mensuel ou annuel Ilevia ou d’un abonnement TER en cours de validité, afin d'encourager le report modal.
D’autres dérogations sont prévues pour les voitures de collection, les véhicules d’approvisionnement des marchés, les convois exceptionnels ou encore les véhicules citernes.
Les solutions alternatives
Dans l'anticipation de la mise en œuvre de ce dispositif et afin de permettre une meilleure desserte de transports en commun dans la métropole, de nouvelles lignes de tramway et de bus à haut niveau de service sont en projet, notamment le tramway du pôle métropolitain de Roubaix-Tourcoing et le tramway du pôle métropolitain de Lille et sa couronne. « Deux milliards d’euros seront investis pour améliorer l’accessibilité et l’attractivité de la métropole, mais également lutter contre la pollution de l’air », souligne la métropole.
Bon à savoir
Lors des pics de pollution, l’accès aux transports en commun de la métropole est gratuit pour tous.
Plan de mobilité et réseau express régional
La métropole a par ailleurs engagé l’élaboration de son plan de mobilité, qui doit établir les orientations de sa politique de mobilité d’ici à 2035. « L’objectif est d’organiser la mobilité sur le territoire de la MEL, en réduisant ses impacts sur le changement climatique et la pollution de l’air. Il s’agit de garantir à tous la possibilité de se déplacer tout en luttant contre le réchauffement climatique et les pollutions locales, qu’elles soient atmosphériques ou sonores », développe la métropole. La création d’un réseau express régional est également prévue à horizon 2035-2040, afin de « doubler la desserte ferroviaire en heure de pointe vers et depuis Lille, y compris des liaisons avec la Belgique », précise la métropole.
L’écobonus « Changer, ça rapporte »
En attendant, la métropole a lancé courant 2023, un programme visant à encourager les citoyens à privilégier les transports en commun, tout en diminuant les embouteillages. Cet écobonus baptisé « Changer, ça rapporte » (connu aussi sous le nom de « péage positif ») propose à des automobilistes volontaires de renoncer à emprunter les autoroutes A1 et A23 pendant les heures de pointe contre une récompense de 2€ par trajet évité (dans la limite de 80€ par mois). « Pour cela, il faut utiliser les transports en commun tels que le train ou le bus, prendre son vélo, pratiquer le télétravail, le covoiturage, décaler ses horaires de travail, sans oublier les modalités dites ‘hybrides’ en utilisant son véhicule pour aller à une gare ou se stationner dans un parking relais », précise la métropole de Lille. 5 000 participants ont participé à ce programme de 9 mois à partir de septembre 2023.
En 2024, ce programme a été étendu à l’autoroute A25 dans le sens Dunkerque-Lille et à la RN41 entre La Bassée et Lille.
Encourager le covoiturage
En parallèle, la métropole expérimente une voie réservée au covoiturage sur l’A1 en direction de Lille, entre l’échangeur de Dourges et celui de Seclin. Elle est active quand le trafic est dense, donc aux heures de pointe, surtout entre 6h30 et 9h le matin.
Contrôles et sanctions
Les contrôles automatiques avec lecture des plaques d’immatriculation devraient être déployés en France en 2026 d’après le gouvernement. Les contrevenants s’exposent à une amende forfaitaire de 68 euros.
Les aides pour les automobilistes concernés
Le gouvernement propose différentes aides pour l’acquisition d’un véhicule propre ou le remplacement d’un véhicule polluant : le bonus écologique de 4 000 € (pouvant atteindre 7 000 € pour les foyers les plus modestes), la prime à la conversion pouvant aller jusqu’à 5 000 €, ou encore l’aide au rétrofit électrique, qui peut atteindre 5 000 € (et même 9 000 € pour les ménages très modestes considérés comme « gros rouleurs »). « La MEL envisage la mise en place d'une aide complémentaire à l'aide d'État pour le rétrofit des véhicules (changement de moteur), qui permet d'éviter l'acquisition d'un nouveau véhicule et se décline sur différentes options techniques », a également annoncé la métropole dans un communiqué le 21 mai 2024.