Suppression des ZFE : combien d’automobilistes sont vraiment concernés en France ?
Les ZFE-m sont accusées d’exclure massivement les automobilistes et les députés ont voté pour leur suppression fin mai. Mais quelle est l’ampleur véritable de ces restrictions ? Entre discours alarmistes et réalité mesurée, une analyse exclusive de Roole Data éclaire le débat.

Depuis plusieurs semaines, les Zones à faibles émissions mobilité (ZFE-m) françaises suscitent de vives critiques. Les députés ont adopté l'amendement actant leur suppression, ce qui ravit les nombreux opposants qui jugent ces restrictions injustes et socialement discriminantes. Mais combien de véhicules sont réellement concernés ? Selon Roole Data qui a mené l’enquête, 2,4 millions de véhicules seraient aujourd’hui exclus. Pour coller au plus près de la réalité du terrain, l’étude tient compte des aires dites d’attraction des villes soumises à une ZFE, et non des seules communes directement situées dans le périmètre du dispositif.
Plus de 2 millions de véhicules exclus dans les 4 principales ZFE
Dans les quatre agglomérations les plus restrictives – Paris, Lyon, Grenoble et Montpellier – les véhicules Crit’Air 3, 4, 5 et non classés sont exclus. Dans l’aire d’attractivité du Grand Paris, cela représente 24,7 % des véhicules, soit 1,4 million (sur 5,9 millions de véhicules en circulation). À Lyon, 24,2 % des voitures sont concernées, soit plus de 300 000. Sur près de 409 000 véhicules évoluant autour de Grenoble, plus de 100 000 sont exclus de la ZFE, soit 25,6 %. Enfin, à Montpellier, plus de 125 000 voitures sont exclues sur près de 470 000 (26,7 %). Ces quatre villes représentent à elles seules plus de 2 millions de véhicules exclus. Précisons cependant qu'à Montpellier, les sanctions sont suspendues jusqu’en 2027 afin d'offrir un sursis aux automobilistes concernés.
Agglomération | Véhicules dans l’aire d’attraction | Véhicules interdits | Pourcentage de véhicules exclus |
Paris | 5 914 279 | 1 465 986 | 24,7 % |
Lyon | 1 250 567 | 303 490 | 24,2 % |
Montpellier | 469 593 | 125 580 | 26,7 % |
Grenoble | 408 809 | 104 861 | 25,6 % |
Les Crit’Air 4 interdits dans 5 agglomérations
D’autres agglomérations appliquent des restrictions moins sévères, mais qui pèsent tout de même dans la balance. À Rouen, Reims, Strasbourg, Toulouse et Aix-Marseille, les véhicules Crit’Air 4, 5 et non classés sont exclus. À elles cinq, ces villes comptabilisent plus de 226 000 véhicules interdits.
Agglomération | Véhicules dans l’aire d’attraction | Véhicules interdits | Pourcentage de véhicules exclus |
Aix-Marseille | 1 046 629 | 78 614 | 7,5 % |
Toulouse | 867 403 | 71 557 | 8,2 % |
Strasbourg | 485 401 | 33 124 | 6,8 % |
Rouen | 437 169 | 28 961 | 6,6 % |
Reims | 197 679 | 13 907 | 7 % |
Moins de 100 000 véhicules interdits ailleurs en France
En dehors de ces grandes agglomérations, le nombre de voitures concernées est beaucoup moins important. 16 agglomérations ont même repoussé la mise en œuvre du dispositif, dont Limoges, Orléans et Le Mans, qui ont obtenu des exemptions par décret, après avoir prouvé que les concentrations annuelles moyennes en dioxydes d’azote (NO2) étaient inférieures à 10 µg/m³. D’autres villes comme Brest, Avignon, Mulhouse ou encore Valenciennes, étudient toujours la façon dont leur ZFE pourrait être organisée. D’autres encore, comme Toulon, refusent tout simplement leur mise en place. Finalement, seules 13 agglomérations disposent d'une ZFE interdisant uniquement les véhicules non classés, qui ne représentent, généralement, pas plus de 3 % du parc dans les aires concernées. En tout, cela équivaut à un peu plus de 97 000 voitures exclues, dont 18 000 rien qu’à Bordeaux.
Bon à savoir
À Dijon, une dérogation permanente permet à tous les automobilistes de circuler au moins jusqu’au 1er janvier 2026.


Ce chiffre de 2,2 millions de voitures, bien que significatif, reste très en deçà de celui (11 à 13 millions) souvent avancé par les opposants aux ZFE.
Moins de 6 % du parc français concerné
En tout état de cause, les interdictions restent aujourd’hui concentrées sur quelques métropoles. Dans bien des cas, elles ne sont même pas encore appliquées. Tout mis bout à bout, et en tenant compte des restrictions actuelles, un peu plus de 2,3 millions de voitures seraient donc exclues – 2,4 millions si on ajoute les véhicules théoriquement exclus des ZFE qui ne sont pas encore appliquées. Cela représente près de 6 % du parc global français. Si l'on soustrait du calcul l'agglomération de Montpellier, où un moratoire a été voté début 2025, on tombe même à un peu moins de 2,2 millions de voitures concernées. Ce chiffre, bien que significatif, reste très en deçà de celui (11 à 13 millions) souvent avancé par les opposants aux ZFE.
Bon à savoir
À Nancy, Clermont-Ferrand et Saint-Étienne, seuls les poids lourds et les utilitaires légers sont concernés par la ZFE. Aucune voiture particulière n’est pour l'instant exclue.