A quoi ressemblera la voiture électrique de demain ? - Episode 1 : des VE compactes et accessibles

Dans une série d'articles dont voici le premier épisode, nous vous proposons d'imaginer à quoi ressemblera la voiture électrique de demain. Pour ce premier volet, coup de projecteur sur les modèles compacts made in France qui devraient arriver sur le marché dans les prochaines années et contribuer à rendre la mobilité accessible au plus grand nombre.

Eva Gomez journaliste pour le média Roole
Eva Gomez
prototype de la voiture électrique de Gazelle Tech

Dès 2035, la vente de nouveaux véhicules thermiques sera interdite dans l’Union européenne. La voiture électrique a donc un bel avenir devant elle. Pour l’instant, elle fait toutefois l’objet de nombreuses critiques : coût d’achat trop élevé, manque d’autonomie, infrastructures de recharge insuffisantes ou pas efficientes, coût environnemental de la production… Autant de pistes d’évolution et d'amélioration pour la voiture électrique dans les années à venir.

Et les projets et innovations qui se penchent sur son avenir sont nombreux. Dans une série d'articles, nous vous proposons une projection dans un futur proche, afin de visualiser à quoi ressemblera la voiture électrique de demain. Dans ce premier épisode, nous nous intéressons aux prochaines stars du marché de l’électrique : des voitures compactes, écoresponsables et aux prix inclusifs.

Des voitures électriques « made in France » compactes et accessibles

Aujourd’hui, le coût d’achat d’un véhicule électrique est en moyenne compris entre 30 000 et 50 000 euros. Ce n’est donc un secret pour personne : ce prix d’achat est un frein important à la démocratisation de la voiture électrique. On voit déjà fleurir partout en France les quadricycles électriques sans permis ultra-compacts tels que la Citroën Ami ou plus récemment, la Microlino… Mais entre le modèle « de poche » et le SUV à plus de 50 000 euros, il existe un juste milieu pour les usages du quotidien : une voiture avec une autonomie et une puissance suffisantes pour les trajets domicile-travail, qui puisse accueillir 4 ou 5 personnes, des courses ou une poussette. Mais ces modèles restent encore inaccessibles à de nombreux porte-monnaie. C’est pour répondre à ce besoin que de nouveaux modèles compacts aux prix attractifs feront bientôt une entrée fracassante sur le marché, ouvrant ainsi de nouveaux horizons à la mobilité électrique. C’est en tout cas la promesse que font plusieurs jeunes entreprises françaises, à l’image de Gazelle Tech ou encore de Kate, qui s'apprête à présenter son projet. « L’idée de Kate avec le projet K1, c’est de proposer un petit véhicule hyper accessible à moins de 15 000 euros TTC sans bonus, qui corresponde à la réalité des usages du quotidien », explique Matthias Goldenberg, co-fondateur de l'entreprise.

La K1 d’entrée de gamme pèsera ainsi moins de 450 kg sans les batteries, elle pourra tout de même accueillir 4 passagers et sera équipée de 5 portes et d’un petit coffre. « Elle fait la taille d’une 4L historique et elle est pensée pour des automobilistes des zones rurales et périurbaines : l’idée n’est pas d'ajouter des voitures en ville mais de proposer cette solution à ceux qui en sont dépendants au quotidien », ajoute le co-fondateur. Avec une batterie LFP de 16 kWh, ce modèle aura une autonomie réelle de 200 km et sera limitée à 90 km/h. « Le principal levier d’économie est la batterie : nous utilisons une toute petite batterie qui a une bonne autonomie. L’impact environnemental est divisé par 35 par rapport à un véhicule thermique. Notre K1 émet 2,2 tonnes d'équivalent CO2 à la production, puis presque 0 à l’usage », souligne Matthias Goldenberg. Et si on a besoin de plus d’autonomie ? « Il faut imaginer notre véhicule comme une base, un châssis sur lequel on peut venir greffer ce qu’on veut. Notre promesse, c’est d’être en dessous des 15 000 € TTC avec une autonomie réelle de 200 km. Mais on pourra aller jusqu’à 600 km d’autonomie avec la même base », assure-t-il.

Une production écoresponsable 

Et le gros parti pris de Kate est de proposer une voiture électrique 100% made in France avec des composants 100% français ou européens. « Aujourd’hui, le modèle Kate original [une voiture électrique de plage au look rétro, inspirée des années 1960, Ndlr] est produit dans une usine qui utilisait déjà 60% de pièces européennes en 2022. Aujourd’hui, nous sommes à 88%. Pour K1, nous serons à 100% dès le démarrage de la production, prévu pour fin 2024 », assure le co-fondateur de Kate.

Il n’y a pas besoin de 2 tonnes de carrosserie pour déplacer un homme de 60 kg.

Matthias Goldenberg,
cofondateur de Kate

Une recherche du plus faible impact écologique possible, que l’on retrouve sous une forme différente avec la société bordelaise Gazelle Tech, dont la production de véhicules sera essentiellement destinée aux entreprises et collectivités. Pour Gazelle Tech aussi, l’objectif est de se fournir au maximum en France ou en Europe. « Malheureusement aujourd’hui, les batteries viennent encore d’Asie mais on favorise la production la plus locale possible et on inclut dans les pièces détachées du véhicule des éléments issus du recyclage, voire du réemploi… Et les batteries finiront par être produites en France », explique le CEO de l’entreprise, Gaël Lavaud. Et la pièce maîtresse de cette voiture électrique n’est autre que son châssis, entièrement constitué de matériaux composites. « Aujourd’hui on utilise de la fibre de verre, beaucoup moins chère que la fibre carbone. Demain, on pourra la remplacer par des fibres naturelles avec des caractéristiques assez proches, ce qui permettra de ne plus dépendre de l’importation d’aciers spéciaux », se projette Gaël Lavaud.

Produite dès fin 2024, la voiture électrique de Gazelle Tech promet une réduction de 40% de l'impact environnemental et de la consommation d'énergie par rapport à une voiture électrique classique. A terme, l'entreprise compte développer une gamme de véhicules proposant différents niveaux d'autonomie, mais le premier modèle pèse 900 kg avec une autonomie de 180 km. « Ce modèle se situe entre la citadine et la compacte, il peut accueillir 5 personnes et contient un coffre de 470 litres. C'est un modèle adapté au quotidien et on peut imaginer aussi qu'il puisse servir de taxi par exemple », détaille Gaël Lavaud.

De nouveaux modèles industriels 

Toute l'innovation industrielle de Gazelle Tech réside dans le châssis de ses véhicules, avec une technologie brevetée. « Ce châssis en matériaux composites assure l’efficacité énergétique et la sécurité, tout en simplifiant l’assemblage du véhicule. Il n’y a que 10 pièces à assembler et c’est possible de le faire n’importe où, en seulement une heure. On peut envoyer les véhicules en pièces détachées et les assembler localement dans des micro-usines d’une dizaine d’employés », détaille Gaël Lavaud. Ce modèle permettra donc notamment d’implanter la production dans les zones rurales. « Notre objectif est de diffuser ces micro-usines auprès de professionnels de la production ou de la distribution automobile, comme des concessionnaires par exemple, qui pourront vendre et maintenir les véhicules en plus de les assembler. » D'ici 5 à 6 ans, Gazelle Tech espère produire 20 000 véhicules par an.

Nous voulons remettre l’homme au centre de l’industrie.

Gaël Lavaud,
CEO de Gazelle Tech

Avec son modèle de micro-usines, Gazelle Tech compte ainsi participer activement à la réindustrialisation des territoires, tout en renouvelant l’approche humaine de l’industrie automobile. « Aujourd’hui, l’intégralité de l’industrie automobile est organisée sur un modèle tayloriste, dans lequel le travail est déshumanisé et où la répétition de gestes à l’infini favorise les troubles musculo-squelettiques (TMS) », explique Gaël Lavaud. « Dans notre approche, chaque opérateur sera capable de monter un véhicule de A à Z : nous voulons remettre l’homme au centre de l’industrie », poursuit-il.

Prototype d'une micro-usine Gazelle Tech © Gazelle Tech
Prototype d'une micro-usine Gazelle Tech © Gazelle Tech

Réinventer la mobilité automobile 

Ces deux entreprises proposent, chacune à leur manière, de transformer nos visions de l’industrie et de la mobilité. « En France, 11% des émissions de CO2 sont imputables aux voitures. On voudrait une voiture qui fait tout mais finalement, elle fait tout mal ! Si on a une voiture faite pour 98% des usages, on trouvera une alternative pour les 2% restants », estime Matthias Goldenberg. « On n’a pas besoin de 5 écrans dans une voiture, ni de 17 haut-parleurs… Il n’y a pas besoin de 2 tonnes de carrosserie pour déplacer un homme de 60 kg. Il faut revenir à une forme de simplicité, faire du nouveau avec les valeurs anciennes », conclut-il.

Photo d'ouverture : Prototype de la voiture électrique de Gazelle Tech © Gazelle Tech.