Les hybrides rechargeables émettent cinq fois plus de CO2 que prévu

Une nouvelle étude de l’ONG Transport & Environnement, basée sur des données officielles européennes, révèle que les émissions réelles de CO₂ des voitures hybrides rechargeables sont largement sous-estimées.

Eva Gomez journaliste pour le média Roole
Eva Gomez
Publié le 07/10/2025

Temps de lecture : 4 min

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Une voiture hybride rechargeable en train de recharger sur une borne publique
Le mode électrique serait utilisé en moyenne 26 % du temps. ©iStock/nrqemi

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Alors qu’ils sont souvent présentés comme une alternative aux véhicules thermiques, plus vertueuse que ces derniers, les hybrides rechargeables émettraient en réalité beaucoup plus de CO2 que ce qu’indiquent les tests officiels. C’est ce que montre une nouvelle étude de l’ONG Transport & Environnement (T&E), basée sur les données de l’Agence européenne pour l’environnement collectées sur plus de 127 000 véhicules immatriculés en 2023.

Des émissions réelles multipliées par 5 par rapport aux valeurs officielles

Les données collectées via les compteurs de carburant embarqués et analysées par Transport & Environnement montrent en effet que les véhicules hybrides rechargeables (PHEV) vendus en 2023 émettent en moyenne cinq fois plus de CO2 que ce que prévoit leur cycle d’homologation WLTP : les calculs de T&E concluent sur des émissions moyennes de 139 g de CO2/km, alors que les tests officiels annoncent 28 g de CO2/km.

Bon à savoir

Le WLTP (Worldwide Harmonized Light Vehicles Test Procedure) est la norme d’homologation utilisée en Europe pour mesurer les émissions et la consommation des véhicules. Il remplace depuis 2017 l’ancien cycle NEDC.

En 2021, les données faisaient état d’émissions 3,5 fois plus élevées que celles relevées pendant les tests en laboratoire : d’année en année, l’écart entre les résultats des tests et l’usage réel des véhicules continue donc de se creuser. En cause, un paramètre central du calcul WLTP : le « utility factor » (UF), ou facteur d’utilisation. Ce coefficient estime la part des trajets effectués en mode électrique. Or, il repose sur des hypothèses optimistes, largement déconnectées de la réalité d’usage.

L’usage du mode électrique largement surestimé

Transport & Environnement rappelle qu’actuellement, un véhicule hybride rechargeable qui a en moyenne une autonomie de 60 km en 100 % électrique est supposé rouler à plus de 80 % en mode électrique. Dans les faits, ce pourcentage serait plutôt de 26 % en moyenne. Afin d’obtenir des résultats plus proches de l’usage réel, l'Union européenne prévoit d'abaisser le facteur d’utilisation de 80 % à 54 % en 2025, puis à 34 % en 2027/2028. « Contrairement à ce que prétendent les constructeurs, les hybrides rechargeables sont encore pires que prévu pour le climat », affirme Bastien Gebel, responsable décarbonation de l’industrie automobile à T&E France. « L’industrie pousse l’UE à ignorer les émissions réelles des PHEV pour retarder ses investissements dans l’électrique. La Commission européenne doit rester ferme et appliquer comme prévu la révision des facteurs d’utilisation », estime-t-il.

Même avec l’abaissement du facteur d’utilisation qui améliorerait les estimations, l’ONG estime que les émissions réelles resteraient supérieures de 18 % aux chiffres officiels.

Bon à savoir

Depuis début 2025, la part de marché des véhicules hybrides rechargeables est de 8,6 % en Europe et de 6,1 % en France.

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