• Accueil
  • Vidéos

L’hybride rechargeable est le parfait compromis entre électrique et thermique : vrai ou faux ?

Par Florence Martin

Partager cet article

Le parfait compromis entre le 100 % électrique et le thermique : c’est l’image qui colle à la peau de la voiture hybride rechargeable. Mais dans les faits, est-elle LA solution idéale ? « Ça dépend », répond Laurent Perron, chef de projet industrie automobile au Shift Project, le célèbre think tank qui œuvre en faveur d'une économie libérée de la contrainte carbone. Il nous explique pourquoi.

Sur le papier, le véhicule hybride rechargeable a tout bon. Il répond aux obligations réglementaires européennes et rassure les automobilistes qui se sentent concernés par les enjeux environnementaux - ou souhaitent simplement se conformer aux réglementations - mais ne sont pas prêts à passer au tout électrique. Pourtant cette technologie n’est pertinente que pour une minorité d’automobilistes… Et encore : à condition qu’elle soit bien utilisée !

L’hybride rechargeable : le meilleur des deux mondes ?

Un véhicule hybride rechargeable (PHEV pour Plug-In Hybrid Electric Vehicle) est un véhicule équipé d’un moteur thermique, d’un moteur électrique et d’une batterie permettant de parcourir 50 à 70 km en 100 % électrique (pour la plupart des modèles récents), c’est-à-dire sans consommer de carburant. Comme pour une voiture hybride, sa batterie s’alimente lors des phases de freinage et de décélération mais contrairement à l’hybride non rechargeable, elle peut aussi être rechargée sur une borne ou une prise. Comme une voiture électrique !

Mais à la différence de la voiture électrique, le PHEV dispose d’un moteur thermique (essence ou diesel) qui prend le relais dès que sa batterie est déchargée. Cela permet de contourner les limites de la voiture électrique, que ce soit en matière d’autonomie, de disponibilité du réseau de bornes ou de temps de charge. Alors le véhicule hybride rechargeable : le meilleur des deux mondes ? Pas si sûr !

Une solution intéressante pour les petits rouleurs

« Si la très grande majorité de vos trajets quotidiens font 30 à 40 km, avec un véhicule hybride rechargeable dont la batterie est rechargée, vous allez rouler en électrique quasiment tout le temps. Et les quelques jours dans l’année où vous avez besoin de faire des trajets plus longs, vous roulerez en thermique sans avoir besoin de changer de voiture. Dans ce cas d’usage, le véhicule hybride rechargeable est très pertinent », explique notre expert.

En revanche, pour les gros rouleurs amenés à parcourir plusieurs centaines de kilomètres par jour, « ce n’est sûrement pas le véhicule qu’il vous faut », nuance Laurent Perron. « Vous allez rouler principalement en thermique en emportant 150, voire 200 kg de batterie et de moteur électrique en plus. Vous consommerez plus qu’une voiture thermique équivalente. » Sans compter que les PHEV sont essentiellement des voitures de segments supérieurs, imposantes et lourdes (SUV et grandes berlines).

"Le mode électrique est utilisé pour moins de 40 % des kilomètres parcourus par une voiture hybride rechargeable."

Carbone 4

Pas de recharge = non-sens

« Sauf que dans la réalité, ce n’est pas tout-à-fait ce qui se passe. Une grande partie des voitures hybrides rechargeables sont mal utilisées dans le sens où les batteries ne sont jamais rechargées », déplore Laurent Perron, qui pointe un « problème d’utilisation » en plus du « problème d’usage » évoqué plus haut. Le mode électrique serait en effet utilisé pour moins de 40 % des kilomètres parcourus par une voiture hybride rechargeable, selon Carbone 4. Sachant que pour les 60 % restants, la consommation est accrue du fait du surpoids du véhicule, on voit bien que la voiture hybride rechargeable perd en intérêt. « Le véhicule hybride rechargeable ne permet en général qu'un gain carbone de 15-20 % (contre 60-70 % pour un véhicule 100 % électrique), ce qui est insuffisant par rapport aux enjeux climatiques », commente Carbone 4.

Cela ne veut pas dire que la technologie hybride rechargeable n’a aucun intérêt. « Un véhicule hybride rechargeable utilisé par un particulier qui recharge très régulièrement sa batterie peut être une solution très pertinente », nuance notre expert. Il faut tout de même avoir en tête qu’il est plus cher à l’achat comme à l’usage, qu’il bénéficie de moins d’aides (il a été exclus du dispositif du bonus écologique 2023) et qu’il est plus difficile à entretenir.