Le financement d’une infrastructure de recharge en copropriété par un tiers-investisseur : comment ça marche ?
Dans une copropriété, le principal obstacle à l’installation d’une infrastructure de recharge collective est souvent financier : une majorité de copropriétaires doivent donner leur accord pour participer aux frais d'installation, y compris ceux qui n'ont pas besoin de recharger un véhicule électrique. Pour lever ce frein, il existe une solution : le recours à un tiers-investisseur. C’est l'option qui a été retenue dans la copropriété de Michael, propriétaire d’un appartement situé à Bonneuil-sur-Marne (94).
Disposer d’une borne de recharge à domicile permet de gagner du temps au quotidien, de réaliser des économies et de maitriser sa consommation énergétique. Si les propriétaires de maisons individuelles peuvent facilement s'équiper d’une borne, l’installation est un peu plus compliquée pour ceux qui habitent en copropriété. Ils doivent faire valoir leur droit à la prise et, lorsque l’infrastructure n’existe pas encore, choisir entre plusieurs options : une installation individuelle ou une solution collective. C'est cette dernière option que Michael, copropriétaire et membre du conseil syndical d'une résidence située à Bonneuil-sur-Marne en région parisienne, a défendue en assemblée générale en décembre 2023.
La borne à domicile : le meilleur moyen de se recharger
Pendant plusieurs années, Michael a rechargé sa voiture électrique sur les bornes rapides de parkings d’hypermarchés, à plusieurs kilomètres de chez lui. Une situation contraignante : « Il fallait se déplacer pour recharger ma voiture, souvent tard le soir ou tôt le matin, nous a-t-il raconté dans notre reportage. Or il y a de plus en plus de voitures électriques, il m’est déjà arrivé de devoir attendre pour pouvoir me recharger. » Sans compter les tarifs, plus élevés qu’à domicile ! Lassé de ces contraintes, Michael a décidé de porter un projet d’infrastructure collective au sein de sa copropriété.
Un projet étudié et présenté en assemblée générale
Avant de présenter son projet en assemblée générale de copropriétaires (AG), Michael a d’abord analysé les différentes options disponibles sur le marché. « J’ai étudié et présenté les offres Zeplug, Watt et Amperus. J’ai regardé sur Internet les avis et les retours des clients. » Après un vote favorable en AG, la résidence a retenu l'opérateur Amperus. « Nous intervenons dès la première sollicitation du client, explique Tony Grégoire, directeur général et co-fondateur d’Amperus. Nous organisons une visite du parking pour vérifier la faisabilité du projet, puis nous présentons un devis chiffré aux copropriétaires en AG. » Dans le cas de la résidence de Michael, le chiffrage s'élevait à près de 22 000 euros. S'est alors posée la question du financement…
Bon à savoir
Depuis mars 2021, les nouvelles résidences collectives disposant d’un parking de plus de 10 places doivent prévoir l’installation d’une infrastructure permettant la recharge des véhicules électriques.
Deux options de financement pour les copropriétés
Lorsqu’une copropriété fait le choix d'une infrastructure de recharge collective, deux solutions de financement sont envisageables. La première consiste en une prise en charge des frais d'installation par l'ensemble des copropriétaires, qu’ils aient ou non besoin d’un point de charge pour alimenter un véhicule électrique, selon leur nombre de tantièmes (la fraction de copropriété qu’ils possèdent). La seconde solution intervient lorsque les copropriétaires ne parviennent pas à se mettre d'accord sur une prise en charge collective des coûts de l'infrastructure : il s'agit du recours à un tiers-investisseur, qui finance l’installation et en devient propriétaire.
C’est cette deuxième option qui a été retenue dans la copropriété de Michael, où l’opérateur Amperus a proposé une solution de financement en partenariat avec Logivolt, filiale de la Caisse des Dépôts. « Notre mission est de faciliter le déploiement des infrastructures dans les résidences, explique Pierre Eymard, directeur général de Logivolt. Nous finançons l’installation et restons propriétaires de l’infrastructure pendant 15 ans. Nous intervenons au moment de la préparation de l’assemblée générale, lorsque l’opérateur [Amperus dans le cas de la copropriété de Michael, NDLR] a proposé un devis à la copropriété, qu’il a chiffré le montant des travaux et qu’il a discuté avec la copropriété des possibilités de financement. »
Bon à savoir
Le programme ADVENIR finance l’installation de bornes de recharge en copropriété. Pour les infrastructures collectives, la prime peut couvrir jusqu’à 50 % des coûts des travaux, dans la limite de 8 000 euros par copropriété et de 5 000 euros pour les travaux de chaussée et de terrassement, dans le cas de l'équipement d'un parking extérieur.
Quel coût pour les copropriétaires ?
Dans ce modèle avec financement par un tiers-investisseur, chaque copropriétaire qui souhaite se raccorder à l’infrastructure règle un « droit de connexion » à l’opérateur pour utiliser le réseau dédié. Mais comment est calculé ce droit de connexion ? « Le coût total de l’infrastructure est divisé par le nombre de bornes raccordables, ce qui donne une quote-part par borne, nous explique Pierre Eymard. Chaque copropriétaire qui installe une borne sur sa place devra s’acquitter de sa quote-part – c’est le droit de connexion – auprès de l’opérateur de recharge, qui nous le rembourse. »
Dans les faits, de nombreux opérateurs prennent en charge ce droit de connexion, sous la forme d’un geste commercial. C’est ce qui s’est passé pour Michael, qui n’a pas eu d’autre frais d’installation que l’achat de sa borne. « J’ai juste payé ma borne, environ 1 100 euros, auxquels j’ai pu soustraire 500 euros de crédit d’impôt », explique-t-il.
Bon à savoir
Dans le cadre d’une infrastructure collective installée en copropriété, les opérateurs de recharge facturent un abonnement mensuel aux copropriétaires aux copropriétaires équipés d'une borne. Ce coût varie en fonction de l’opérateur et des services inclus.
Quant aux copropriétaires ne souhaitant pas installer de borne, ils ne déboursent rien. « Il n’y a que les copropriétaires qui se connectent au réseau qui payent leur quote-part, mais le copropriétaire qui ne souhaite pas installer de borne et se recharger ne paie rien », confirme le directeur de Logivolt.
Place aux travaux !
Après la validation du financement en AG, Amperus a pu lancer le chantier. « Nous réalisons deux études : l’une avec Enedis pour installer un nouveau compteur dédié, et l’autre en interne afin de concevoir l’infrastructure, déterminer les sections et longueurs de câbles, ainsi que l’emplacement des tableaux divisionnaires, nous détaille Tony Grégoire, co-fondateur d’Amperus. À l’issue de ces analyses, nous remettons un projet détaillé à la copropriété pour validation. Une fois celui-ci validé, nous démarrons les travaux. »
Le délai des travaux varie selon l’ampleur du projet. « Il faut compter un minimum de 6 mois, avec une moyenne de 8 à 10 mois », précise l’expert. Un projet d’infrastructure de recharge doit donc être anticipé par les copropriétaires. « Ce qui prend le plus de temps, c’est l’installation d’un nouveau compteur électrique par Enedis, qui nécessite environ 6 mois d’étude. Une fois ce compteur mis en place, les travaux pour déployer l’infrastructure prennent généralement entre 2 et 3 semaines. »
Borne de recharge en copropriété : un investissement qui profite à tous
Faire appel à un tiers-investisseur présente donc un avantage clé : seuls les copropriétaires souhaitant installer une borne sur leur place assument le coût de l’infrastructure collective. Ceux qui s’y opposent ne sont ni impactés financièrement ni contraints de participer au projet. Toutefois, s’ils souhaitent se raccorder ultérieurement, ils en auront la possibilité. « Ce type d’installation bénéficie à tous, souligne Tony Grégoire. Les propriétaires de véhicules électriques peuvent recharger facilement, ceux qui envisagent d’y passer anticipent leurs besoins, et même ceux qui ne comptent pas s’équiper en profitent. La présence d’une infrastructure de recharge valorise les biens immobiliers et les places de parking, que ce soit pour la vente ou la location. »