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L’autopartage en milieu rural : un « truc qui roule » à Villerouge-Termenès !

Par Eva Gomez

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Dans la petite commune de Villerouge-Termenès (Aude) comme de nombreux villages ruraux en France, certains habitants souffrent de l'éloignement des services essentiels, doublé d'un important manque de mobilité. La mairie a donc décidé de mettre à disposition de ses 150 habitants un service d'autopartage. Zoom sur une initiative pleine de bon sens.

La Fédération française des trucs qui marchent (FFTM) a pour mission de mettre en lumière des « trucs qui marchent » dans la France entière : des initiatives lancées par des collectivités, qui ont fait leurs preuves et qui sont duplicables. Pour Roole, ils sélectionnent des trucs... qui roulent bien sûr ! Mêmes critères, la mobilité auto en plus ! Pour ce premier épisode, Raphaël Ruegger, cofondateur de la FFTM, nous emmène dans le département de l’Aude, à Villerouge-Termenès, où un service d’autopartage a changé la mobilité des habitants.

25 000 km parcourus par an par une trentaine de bénéficiaires

La commune de Villerouge-Termenès est éloignée des petits commerces alimentaires, marchés de plein air, moyennes et grandes surfaces - situés au mieux à 30 km, à Lézignan-Corbières -, mais aussi des centres médicaux, administratifs et culturels, que l'on trouve essentiellement à Narbonne et Carcassonne, à presque une heure de route. En l'absence de solution de transports en commun et sans voiture, on se retrouve vite isolé dans cette charmante cité cathare !

En 2017, la commune de Villerouge-Termenès installe une ombrière photovoltaïque pour alimenter en énergie solaire une boutique, une cave, un entrepôt, ainsi qu’une borne de recharge pour véhicules électriques. « C'était une bonne idée en 2017 d’installer cette borne de recharge, mais elle était assez désertée, on ne voyait quasiment jamais de véhicule branché », raconte Philippe Brûlé, alors maire de la commune. Mais la présence de cette borne a fait germer dans l’esprit de quelques habitants l’idée d’acheter en commun une voiture électrique qu’ils partageraient. Jean-Robert, l’un des habitants à l’origine de cette idée, en a alors fait part à son maire. « J’ai trouvé l’idée intéressante mais j'ai alerté sur la complexité pour le partage des coûts d'entretien et de réparation en cas de panne, mais aussi d'assurance, etc. J'y ai réfléchi et une semaine après je lui ai dit : "votre projet, on vous le pique". Et la mairie a piqué le projet », raconte Philippe Brûlé avec humour.

Le projet se concrétise en juillet 2018, quand la mairie de Villerouge acquiert une citadine électrique destinée à l’autopartage, qui sert aujourd'hui à 30 à 40 foyers de la commune. Certains n'ont pas assez de ressources pour posséder une voiture, d'autres ne disposent que d'un véhicule pour la famille, tandis que d'autres encore n'ont simplement pas le permis de conduire. La voiture partagée de la ville leur est alors bien utile pour se déplacer, seul ou en covoiturage. La preuve : depuis sa mise en service, la Renault Zoé à disposition des habitants de Villerouge-Termenès parcourt chaque année environ 25 000 km ! Le médecin généraliste de la commune l'emprunte également pour réaliser ses tournées dans les villages voisins. « Le véhicule est victime de son succès ! Ici, il n’y a pas de commerces, donc les gens s’en servent pour aller au marché. Mais s’il faut transporter une télévision ou une machine à laver, c’est un peu compliqué… », poursuit le maire actuel de Villerouge-Termenès, Michel Ponçot. C'est pour cela qu'en 2023, il a complété l'offre d’autopartage par un second véhicule de type utilitaire. Les véhicules en autopartage servent aussi, lorsqu'ils ne sont pas loués par les habitants, aux services municipaux pour leurs missions.

C'est intéressant d’un point de vue écologique car on a un seul véhicule pour plusieurs familles.

Jean-Robert,
habitant du village et utilisateur du service.

Un service qui désenclave le village

Jean-Robert, à l’origine de l’idée qui a abouti à la création de ce service d’autopartage, est devenu un utilisateur régulier. « C'est intéressant d’un point de vue écologique car on a un seul véhicule pour plusieurs familles », souligne Jean-Robert. Il utilise la Zoé entre autres pour aller faire ses courses toutes les semaines au magasin de producteurs de Lézignan-Corbières, à une grosse demi-heure de route de Villerouge-Termenès. Pour réserver la voiture, rien de plus simple : il suffit de bloquer un créneau via l’application ou le site internet de l’opérateur d’autopartage Clem’. Et pour les personnes qui n’ont pas accès aux outils numériques, la mairie se tient disponible pour procéder à la réservation.

« On l’utilise parfois en groupe pour aller voir des spectacles à Ferrals-les-Corbières. Mais quand on va à Narbonne par exemple, c’est plus difficile de l’utiliser à plusieurs… Si quelqu’un a rendez-vous à la CAF ou dans une administration, ce n’est pas toujours compatible avec les horaires de quelqu’un qui va faire ses courses en périphérie de ville », détaille Jean-Robert. Une difficulté constatée par le maire Michel Ponçot, qui reconnaît les contraintes des habitants. « Le problème quand les personnes vont au même endroit, par exemple en ville pour des rendez-vous médicaux ou autres, ce n’est pas le trajet aller, mais le trajet retour : il faut que tout le monde rentre au village à la même heure », explique Michel Ponçot. L’utilisation du service d’autopartage en covoiturage n’est encore pas très développée, et pour l’encourager, la mairie a lancé en 2023 un partenariat avec la plateforme locale de covoiturage Mobil’Aude. « Pour l’instant, quand il y a du covoiturage, par exemple pour aller au marché de Lézignan le mercredi, ça fonctionne surtout par bouche-à-oreille et pas forcément par la plateforme. Elle est principalement utilisée sur des longs trajets où les gens peuvent se greffer pour un aller simple », développe le maire du village. Depuis peu et à la demande des habitants et utilisateurs du service, il est possible de réserver une voiture plus d’une journée, pour partir en week-end du samedi matin au dimanche soir.