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L’autopartage et le covoiturage, c’est la même chose : vrai ou faux ?

Par Eva Gomez

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Si le covoiturage est un concept connu de tous ou presque, l’autopartage est une notion plus floue pour les Français. Souvent même, ces deux notions sont confondues alors qu’elles désignent des pratiques très différentes. On fait le point avec Thomas Matagne, président fondateur d’Ecov.

On a fait le test de demander à des passants s’ils connaissaient l’autopartage à l'occasion d'un micro-trottoir (à visionner ci-dessus), et leurs réponses ne nous ont pas vraiment surpris… « C’est pour les gens qui vont travailler et qui emmènent des personnes, c’est ça ? », nous a-t-on demandé. « C’est le covoiturage c’est ça ? », a-t-on entendu à plusieurs reprises. « Auto, vers soi ? Ou Automobile ? » a-t-on même entendu, preuve que même l'étymologie du mot prête à erreur. Les Français connaissent mal la réalité qui se cache derrière le terme d'« autopartage » et la confusion avec le covoiturage est répandue. Mais est-ce que l’autopartage et le covoiturage, c’est la même chose ? Pas du tout, nous rappelle Thomas Matagne, président fondateur d’Ecov, opérateur de lignes de covoiturage en France. « Ce sont deux choses très différentes. L’autopartage, c’est le fait d’avoir une voiture disponible, que l’on peut utiliser à plusieurs, chacun à son tour », explique-t-il. « C’est comme une location, je vais utiliser une voiture (…) qui n’est pas complètement privée ».

Dans le cas de l'autopartage, on partage la propriété de la voiture, alors que dans le cas du covoiturage, on partage le trajet et donc, l’usage de la voiture.

Thomas Matagne,
président fondateur d’Ecov

Autopartage : partager une voiture à plusieurs, à des moments différents

L’autopartage existe sous différentes formes en France, la plus répandue étant l'autopartage en libre-service dans les milieux urbains : un opérateur met à disposition des véhicules que n’importe quelle personne – souvent munie d’une application mobile associée au service – peut louer en autonomie et restituer sur un emplacement dédié. Des solutions d’autopartage entre particuliers existent également. Les plus connues sont Ouicar (désormais renommé Turo) et Getaround, deux services de mise à la location de véhicules de particuliers, pour d’autres particuliers. Enfin, l’autopartage peut aussi se pratiquer dans des cercles proches de façon informelle même si, là aussi, des solutions destinées à encadrer la pratique – sur le volet assurantiel notamment – émergent. En bref : l’autopartage, c’est le fait de partager sa voiture individuelle avec d’autres personnes, qui peuvent l’emprunter ou la louer lorsqu’elles en ont besoin.

Covoiturage : partager un trajet à plusieurs au même moment

Si le covoiturage implique aussi de partager une voiture, la pratique est totalement différente de l'autopartage. « Le covoiturage, c’est un partage du trajet », précise Thomas Matagne. « Je prends une voiture - qu’elle soit la mienne ou qu’elle soit en autopartage d’ailleurs - je fais un trajet et je partage ce trajet avec d’autres personnes », poursuit-il. Et c’est l’usage qui est le plus connu des Français, grâce notamment à la notoriété de Blablacar sur les trajets de longue distance.

Même si les freins sont plus nombreux, le covoiturage peut aussi se pratiquer sur des trajets du quotidien. Différents acteurs travaillent à la facilitation de cet usage, à l'image de Karos - qui parle même de « court voiturage » - ou de Klaxit et Blablacar Daily. Karos et Klaxit développent notamment des partenariats avec des entreprises qui souhaitent proposer une solution de covoiturage domicile-travail à leurs collaborateurs. D'autres acteurs comme Ecov vont plus loin, en développant de véritables lignes de covoiturage (voir encadré), pour un usage simplifié, plus spontané. Le covoiturage peut donc prendre des formes différentes : longue ou courte distance, avec ou sans réservation… Mais à chaque fois, il s’agit de partager un trajet avec un ou plusieurs passagers.

Bon à savoir

Ecov déploie, en synergie avec les collectivités et les syndicats de mobilité, des lignes de covoiturage qui fonctionnent comme des lignes de bus, avec des arrêts prédéfinis et sans réservation : le passager se rend à l’arrêt, il indique sur une application à quel arrêt il souhaite se rendre et les conducteurs sont notifiés qu’un passager attend sur leur trajet. L'entreprise fondée par Thomas Matagne a déployé sa solution dans une trentaine de villes à date.

Aujourd’hui, les voitures sont très mal utilisées puisqu’elles circulent très peu de temps dans leur vie totale et quand elles circulent, elles sont très peu remplies.

Thomas Matagne,
président fondateur d’Ecov

Deux façons différentes d'optimiser l'utilisation des voitures

« Avec l’autopartage, on cherche à optimiser une voiture utilisée par plusieurs personnes à des moments différents. Dans le cas du covoiturage, on fait en sorte qu’une seule voiture soit utilisée par plusieurs personnes au même moment », résume le président d’Ecov. « On les confond car il y a une notion de partage dans les deux cas. Mais dans un cas c’est plutôt le partage de la propriété de la voiture, dans l’autre c’est le partage du trajet et donc de l’usage de la voiture », ajoute-t-il.

Autopartage et covoiturage sont donc bien deux cas d’usage très différents, qui dans certains cas, peuvent se compléter. « Aujourd’hui, les voitures sont très mal utilisées puisqu’elles circulent très peu de temps dans leur vie totale et quand elles circulent, elles sont très peu remplies », regrette Thomas Matagne. Pour répondre à cette utilisation insuffisante de la voiture, « l’autopartage vient faire en sorte que les voitures circulent davantage – mais elles vont s’user aussi plus vite – et le covoiturage fait en sorte qu’on les remplisse à chaque fois qu’on les utilise, donc on a besoin de moins de voitures pour déplacer autant de personnes », conclut-il.