Recharger au-delà de 80 % est-il risqué pour la batterie de ma voiture électrique ?
« Évite de recharger à plus de 80 % pour préserver ta batterie » : vous avez peut-être déjà entendu ce conseil, qu’il s’agisse d’une batterie de smartphone, d'ordinateur ou de voiture électrique. Ce n’est pas aussi simple en réalité. Recharger au-delà de ce seuil n’est pas systématiquement néfaste pour les accumulateurs. D’autres éléments influencent davantage le vieillissement de votre batterie.
Une batterie est un objet complexe. Elle est faite d’un cocktail de matières dont la composition varie d’une technologie à l’autre : lithium, manganèse, cobalt, nickel, cuivre, aluminium, graphite… Tous ces éléments disposent de propriétés uniques. Ainsi, une batterie « LFP » (lithium-fer-phosphate) aura une sensibilité à l’usure différente d’une batterie « NMC » (nickel-manganèse-cobalt) ou « NCA » (nickel-cobalt-aluminium).
Limiter la recharge à 80 % n’est pas une solution miracle
Dans cette jungle électrochimique, comment s’y retrouver pour allonger la durée de vie de sa batterie ? Un conseil est souvent évoqué par le bouche-à-oreille mais également par certains constructeurs automobiles : il faudrait éviter de recharger au-delà de 80 %. En réalité, cette pratique n’influencerait pas significativement la durée de vie d’une batterie de voiture électrique, explique une thèse de doctorat en génie électrique. De plus, la recommandation ne serait efficace que sur certaines technologies de batteries.
La technologie de batterie peut varier sur un même modèle, selon l’année de production et les choix de la marque.
Inutile de retourner le web pour connaître la technologie de batterie présente dans votre voiture électrique. Contactez le constructeur, qui vous fournira les recommandations adaptées à votre véhicule. La technologie employée peut en effet varier sur un même modèle, selon l’année de production et les choix stratégiques de la marque.
Bon à savoir
Une batterie n’est jamais réellement chargée à 100 % ! Les constructeurs de voitures électriques brident systématiquement les batteries afin d’augmenter virtuellement leur durée de vie. C’est pourquoi la capacité de stockage est dite « utile » ou « nominale ». La capacité « utile » désigne celle utilisable par le véhicule quand la capacité « nominale » représente l’espace total, un peu comme sur une clé USB ou un disque dur. Lorsque votre tableau de bord indique « 100 % », le niveau de charge est donc en réalité inférieur. Cela n’a aucune influence sur votre autonomie, qui tient évidemment compte de cette particularité.
Qu’est-ce qui dégrade le plus une batterie ?
Si le constructeur de votre voiture électrique recommande un certain niveau de charge et que vous souhaitez être rassuré, n’hésitez pas à suivre son conseil. Toutefois, ne soyez pas inquiet si vous ne pouvez pas respecter cette recommandation, cela n’aura pas d’impact majeur sur la durée de vie de la batterie. D’autres comportements ont beaucoup plus d’influence sur l’usure de votre batterie, comme le type de borne de recharge utilisée au quotidien.
Le type de recharge utilisé au quotidien
Préférez ainsi les recharges lentes sur une prise domestique, une prise renforcée ou une wallbox 7 kW. Faire le plein chaque jour sur une borne rapide ou ultra-rapide (> 50 kW) provoque en effet un vieillissement prématuré, plus ou moins marqué selon la technologie de batterie. Lorsque vous rechargez à haute vitesse, le courant électrique circule à une intensité élevée dans la batterie et accélère sa dégradation. Toutefois, ne tremblez pas à l’idée de brancher votre voiture électrique sur une borne ultra-rapide lors d’un voyage. Occasionnelles, ces recharges n’ont pas d’impact notable sur la durée de vie de la batterie.
Bon à savoir
L’intensité du courant se mesure en Ampères (A). Cette valeur est importante : elle mesure ce que l’on pourrait comparer à un « débit » d’électricité. Comme dans une canalisation d’eau, un débit élevé provoque une usure plus marquée des conducteurs et composants. Lorsque vous rechargez chez vous sur une prise renforcée, le courant qui circule dans la batterie est d’environ 8 Ampères (3,2 kW à 400 V). Il peut atteindre 500 Ampères sur une borne de recharge ultra-rapide (200 kW à 400 V), soit 62 fois plus que chez vous !
Le comportement de conduite
Comme la recharge, le comportement de conduite joue également sur l’usure. Presser la pédale d’accélération provoque un flux d’électricité de la batterie vers le moteur. Si le sens de circulation des électrons est différent, l’intensité peut être tout aussi intense. Conduire nerveusement joue donc en défaveur de la santé de l’accumulateur, en plus de réduire drastiquement votre autonomie.
Lors d’un stockage de longue durée, il est conseillé de conserver un niveau d’environ 50 % pour limiter le vieillissement de la batterie.
Le stockage et la météo
Si vous n’utilisez que très peu votre véhicule électrique, évitez de l'immobiliser la batterie totalement vide ou complément rechargée pendant de longues périodes. Sur plusieurs mois, la batterie risque de s’oxyder prématurément en raison d’un niveau de charge inadapté. Il est conseillé de conserver un niveau d’environ 50 % pour limiter le vieillissement calendaire lors d’un stockage de longue durée.
Enfin, un dernier élément influence l’usure d’une batterie : la météo. Vous n’y pouvez pas grand-chose, mais un climat fait de températures extrêmes réduit davantage la durée de vie d’une batterie qu’un climat tempéré. Les modèles récents semblent toutefois être moins soumis à ce facteur de vieillissement grâce à des systèmes de conditionnement à circuit liquide de plus en plus efficaces.
Les 3 types de vieillissement d’une batterie
- Le « vieillissement calendaire » : il désigne l’usure de la batterie au fil du temps, sans tenir compte de l’utilisation de la voiture. Une batterie se dégrade progressivement même lorsqu’elle n’est pas utilisée, par décomposition ou transformation « naturelle » de ses éléments.
- Le « vieillissement en cyclage » : c’est l’usure de la batterie liée à son utilisation. Les cycles de charge et décharge dégradent peu à peu les matériaux.
- Le « vieillissement combiné » : il désigne l’usure causée par les phases successives de repos (non-utilisation) puis de cyclage (charges et décharges).