Borne de recharge à domicile : le crédit d’impôt de 500 euros bientôt supprimé ?
L’aide fiscale de 500 euros pour l’installation d’une borne de recharge à domicile pourrait être abandonnée dès début 2026. Un revirement qui inquiète les professionnels de la filière.
Depuis 2021, un crédit d'impôt permet aux ménages français d’obtenir jusqu’à 500 euros de crédit d’impôt pour l’installation d’une borne « pilotable » à domicile. Or, dans le projet de loi de finances 2026, cette aide ne figure plus – une disparition qui inquiète les acteurs du secteur.
Une suppression actée au Parlement malgré les alertes
Si ce crédit d'impôt n'est pas ajouté au PLF 2026 d'ici à la fin de l'année, cela signifie que l'aide disparaîtra au 1er janvier 2026. Lors des débats parlementaires, un amendement porté par le député Jean-Marie Fiévet proposait de prolonger le dispositif jusqu’au 31 décembre 2027. Rejeté le 25 octobre en séance publique, l'amendement était pourtant défendu comme « un levier essentiel pour une transition réussie vers la mobilité électrique ». L’élu rappelait que 46 932 foyers avaient bénéficié du crédit d’impôt en 2024, pour une dépense fiscale estimée à 23 millions d’euros.
Les professionnels tirent la sonnette d’alarme
En réaction, le 31 octobre, huit organisations majeures de la filière – l’Avere-France, l’AFOR, la FFIE, l’Union Française de l'Électricité, Mobilians, le Gimelec, France Renouvelables et l’Association nationale des opérateurs en énergie (a.n.o.d.e) – ont adressé un courrier commun aux ministres Roland Lescure, Amélie de Montchalin et Monique Barbut pour défendre le maintien de cette aide fiscale. Dans ce document, elles rappellent que le pilotage intelligent des bornes permet d’éviter les pics de consommation, d’intégrer davantage d’énergies renouvelables et de soutenir l’essor du V2G (vehicle-to-grid). Sans prolongation du dispositif, l’installation massive de bornes non pilotables fragiliserait la flexibilité du réseau, selon leurs termes. Une situation que redoute également RTE : un million de véhicules non pilotés pourrait faire grimper la pointe du soir de 650 à 900 MW.
L'impact économique pour les usagers est également souligné par la filière : la suppression du crédit d'impôt entraînerait une hausse de 50 % du coût moyen d’installation d’une borne pour les ménages. Sans cette aide fiscale, les ménages devront supporter seuls le coût d’une borne à domicile. Or, ce type d’installation coûte en moyenne entre 900 et 1 500 euros, hors subvention. L'aide permet de réduire ce coût, tout en incitant à l’adoption de bornes intelligentes, qui réduisent quant à elles la facture de recharge de 150 à 200 euros par an. La suppression de ce coup de pouce risque de freiner les foyers les plus modestes, alors même qu’ils sont souvent visés par les dispositifs d’incitation à l’électrification du parc automobile. « Alors que le leasing social vient d’être reconduit pour faciliter l’accès au véhicule électrique, l’arrêt du crédit d’impôt envoie un signal contradictoire », alerte Olivier Hamard, président de l’AFOR, dans un communiqué.
Bon à savoir
Seules les bornes dites « pilotables », c’est-à-dire connectées au réseau et capables d’adapter leur puissance, sont éligibles à cette aide de 500 €. Ce type d’équipement optimise la consommation électrique tout en renforçant la sécurité des installations.
Un mauvais signal pour la mobilité électrique
En septembre 2025, pour la première fois, les immatriculations de véhicules électriques et hybrides rechargeables ont dépassé celles des voitures essence en France. Ce basculement historique souligne une accélération de la transition, portée notamment par des incitations publiques telles que le bonus écologique.
Les défenseurs du maintien de ce dispositif d'aide alertent. Sa suppression serait pour eux une incohérence stratégique, alors même que la recharge à domicile représente près de 90 % des usages.
Bon à savoir
En complément du crédit d’impôt, d’autres aides peuvent alléger le coût d’installation d’une borne à domicile. Le programme Advenir propose une prise en charge partielle en copropriété et certaines collectivités locales offrent aussi des subventions. Les travaux réalisés dans un logement de plus de deux ans peuvent également bénéficier d’un taux de TVA réduit à 5,5 %.




