Voitures électriques hors d’usage : ce centre VHU du Loir-et-Cher ouvre la voie
En 2023, Careco Gièvres Auto est devenu le premier centre VHU français à s'intéresser au traitement des véhicules électriques et hybrides hors d’usage. Entre sécurisation des batteries, formations spécifiques et nouvelles zones de stockage, ce centre répond aux besoins nés de l’électrification du parc automobile.
Située dans le Loir-et-Cher, Careco Gièvres Auto n’est pas une casse automobile comme les autres. Depuis deux ans, ce centre VHU, pionnier sur le territoire français, traite les véhicules électriques et hybrides hors d’usage. « L'initiative a été prise en 2021 lorsque nous avons intégré un groupe de travail avec l’Ineris. Cela nous a permis d’anticiper l’installation d'infrastructures adaptées au traitement des véhicules électrifiés », explique Jenna Pellerin, cheffe de projet chez Careco Gièvres Auto. « On savait que les volumes allaient arriver et aujourd’hui, nous sommes prêts à les traiter », poursuit-elle.
Bon à savoir
En mars 2025, les voitures électriques et hybrides rechargeables représentaient 21,3 % du marché des véhicules neufs. Il y a désormais plus de 2,1 millions de véhicules électrifiés en circulation en France, soit près de 5 % du parc roulant total (Source : Avere France).
Des zones coupe-feu pour sécuriser les véhicules électrifiés
Des espaces de stockage pour ces véhicules et leur batterie ont donc été aménagés. Sur environ 1 000 m2, quatre espaces sont séparés par des murs coupe-feu en béton. Dès leur arrivée au centre, les voitures électriques et hybrides hors d’usage sont stationnées dans une zone de déchargement où elles sont consignées et mises en sécurité. « On vérifie qu’il n’y a pas de tension persistante avant de déterminer si le véhicule est considéré à risque ou non », développe Jenna Pellerin. Ceux qui ne présentent pas de danger rejoignent une zone de stockage en attendant de passer à l’atelier.
Les véhicules « à risque » sont, la plupart du temps, des véhicules très accidentés, brûlés ou qui ont été immergés, et pour lesquels les risques d’emballement thermique et d’explosion de la batterie sont élevés. « Dans ce cas, le véhicule bascule dans la zone de quarantaine. Pendant sept jours, on contrôle sa température grâce à une caméra thermique qui détecte les variations de température », détaille la cheffe de projet. Une fois la période de quarantaine écoulée, le véhicule peut passer sereinement à l’atelier pour la dépose de la batterie. Et si la température n’est pas stable ? « On isole le véhicule. Il est recouvert d’une couverture anti-feu et nous prévenons les pompiers. » Jusqu'à présent, le centre n’a pas eu à faire face à une telle situation.
La dépose de la batterie : une opération délicate
Après cette étape de mise en sécurité, les véhicules sont reçus dans un atelier spécifiquement dédié à la dépose des batteries, qui se réalise avec des équipements de protection adaptés : les techniciens retirent la batterie du véhicule, puis l’ouvrent et mesurent la tension de chaque module pour en estimer l’état de santé. « Nous avons dû former 10 personnes qui sont désormais habilitées à traiter ce genre de véhicules. Cela va du chauffeur qui les récupère dans différents départements, jusqu’au technicien qui ouvre la batterie », précise Jenna Pellerin. « Certaines batteries font 400 V, on ne peut pas travailler comme sur une voiture thermique classique », ajoute-t-elle. Florent Léger, chef d’atelier, confirme : « Le but de la formation pour les premières habilitations, c’est d’apprendre à se mettre en sécurité et à veiller à celle des autres. Un exemple : une fois le véhicule en atelier, il est protégé par des cordons de sécurité, afin que personne ne touche aux éléments potentiellement dangereux. » D’autres formations plus techniques permettent ensuite de reconnaître les différents types de batteries et d’analyser leur état.
Recyclage ou réemploi des batteries : les deux voies possibles pour les batteries
Une fois la batterie déposée, ouverte et son état de santé estimé, elle rejoint la 4e zone de stockage, avec les autres batteries en attente de recyclage ou de réemploi. Un espace qui devrait évoluer à l'avenir, Careco Gièvres Auto souhaitant trier les batteries selon leur état. « On va construire une chambre froide avec une capacité de stockage importante », précise Jenna Pellerin. Quant aux autres pièces détachées spécifiques aux véhicules électriques et hybrides, « il n’y a pas encore beaucoup de demandes », souligne Florent Léger. « Aujourd'hui, on ne sait pas vraiment identifier les pièces qu’on doit garder. Nous devons donc anticiper les besoins futurs », poursuit-il. Careco Gièvres Auto stocke ainsi des moteurs électriques, des câbles de recharge ou des blocs de charge, notamment.
Bon à savoir
Lorsqu’une batterie électrique n’a plus assez de capacité pour propulser une voiture, elle peut avoir une seconde vie et servir à stocker de l’électricité.
En 2024, 3 500 véhicules, dont 98 véhicules électrifiés, ont été traités dans ce centre VHU de 6 hectares. « Sur le seul mois de janvier 2025, on a déjà déposé 40 batteries », se félicite Jenna Pellerin. Les batteries sont aujourd’hui majoritairement récupérées par les constructeurs pour être recyclées, mais le centre VHU espère voir la filière de réemploi se développer. « Nous sommes capables de garantir le bon fonctionnement des batteries que nous récupérons. Nous n'attendons plus que les réparateurs et les constructeurs nous ouvrent leurs portes », conclut la cheffe de projet. Dans quelques mois, Careco Gièvres Auto sera même équipé d’un nouvel outil permettant d’analyser l’état des batteries en profondeur afin de pouvoir les proposer sans risque à la vente d'occasion.