ZFE dans le Grand Lyon : qu’en pensent les Lyonnais ?
Comme toutes les métropoles françaises de plus de 150 000 habitants, Lyon est en train de mettre en œuvre une Zone à Faibles Emissions mobilité (ZFE). Un dispositif qui n’est pas toujours bien compris et/ou accepté par les usagers. Des équipes de Roole ont rassemblé quelques dizaines d'automobilistes et deux élus locaux autour d'une table ronde pour un échange sur le thème des ZFE. A la Rédac, on a profité de l'occasion pour interroger les automobilistes dans les rues de Lyon.
Depuis le 1er janvier 2023, les véhicules Crit’Air 5 et non classés ne peuvent plus circuler dans le périmètre de la Zone à Faibles Emissions mobilité (ZFE-m) du Grand Lyon, sous peine d’une amende de 68 euros. Après 4 mois de mise en place pédagogique, les premières sanctions commencent à tomber et le calendrier des prochaines restrictions s’affine. D’après les dernières mises à jour de la métropole, en 2024, les Crit’Air 4 seront exclus de la ZFE-m, puis en 2025, ce sera au tour des Crit’Air 3. Enfin, en 2028, les véhicules Crit’Air 2 seront également interdits de circulation dans le périmètre de la ZFE-m. Fin juin, le conseil métropolitain devrait également statuer sur un nouveau périmètre. Celui-ci ne serait pas élargi à de nouvelles communes, mais comprendrait – en plus de la ville de Lyon (à l’exception des secteurs du port Edouard Herriot dans le 7e arrondissement et de Saint-Rambert dans le 9e arrondissement), de Caluire-et-Cuire, de Villeurbanne, Bron et Vénissieux – la M6, la M7 et le périphérique Laurent Bonnevay.
Pour ou contre la ZFE-m ? Parole aux automobilistes
Mais qu’en pensent les principaux concernés, à savoir les automobilistes lyonnais ? Pour prendre la température, nous sommes allés à leur rencontre dans les rues de la capitale des Gaules. Nous y avons croisé des automobilistes et piétons mitigés, avec des points de vue assez contrastés sur le sujet. Souvent, l’acronyme « ZFE » n'est pas connu, mais le dispositif en lui-même est familier de presque tous. Certains ont changé de véhicule pour pouvoir répondre aux critères de la ZFE, d’autres sont partagés entre la nécessité d’agir pour améliorer la qualité de l’air et les contraintes qui accompagnent la mise en œuvre de ce dispositif. « Je trouve ça très bien pour la protection de l’environnement (…) mais en tant qu’usagère d’une automobile, je trouve ça galère », a partagé l’une des personnes interrogées.
Quid des alternatives à la voiture ?
La temporalité de déploiement de cette zone et le manque d’aides ou d’alternatives revient également souvent dans les échanges : « Mon père a un véhicule qui date des années 1990, un véhicule diesel en plus… Il ne peut plus circuler à Lyon avec sa voiture et ne peut pas investir dans un nouveau véhicule pour le moment car il est retraité », partage une jeune répondante. « Faites du vélo, de la trottinette et marchez… C’est gentil mais tout le monde ne peut pas », commente une autre. Le réseau de transports en commun est presque unanimement pointé du doigt comme étant insuffisant ou dysfonctionnel, même si toutefois, la majorité de nos interviewés reconnaissent les efforts déployés par les pouvoirs publics pour développer des solutions afin de favoriser le vélo dans la métropole.
Le combat, c’est la pollution de l’air, l’objectif, c’est la santé respiratoire et la décarbonation.
Jean-Luc Fugit,
député de la 11e circonscription du Rhône
Une table ronde en présence d’élus
Ce reportage a été diffusé le soir-même de son tournage à l’occasion d’une table ronde régionale organisée par Roole sur le thème « La ZFE-m sur le territoire du Grand Lyon », en présence d’une soixantaine de ses membres et de deux élus : Christophe Geourjon, conseiller régional et métropole, et Jean-Luc Fugit, député de la 11e circonscription du Rhône. L’opportunité pour les membres automobilistes présents, de poser directement leurs questions et d’échanger avec les pouvoirs publics. « La voiture est nécessaire et indispensable, mais ce ne doit pas être le seul moyen de déplacement individuel ou collectif. Il n’y a pas un bon et un mauvais moyen de déplacement, il doit être adapté à ce que je veux faire aujourd’hui », a souligné Christophe Geourjon. Le député Jean-Luc Fugit a quant à lui rappelé longuement l’historique de la création du dispositif de ZFE et sa raison d’être : « Le combat, c’est la pollution de l’air, l’objectif, c’est la santé respiratoire et la décarbonation. Nous avons fixé l’objectif, maintenant il faut construire les chemins pour y parvenir. Et celui-ci est particulièrement complexe. Il faut le partager et unir nos forces », estime-t-il. Une longue séance de questions-réponses a permis aux automobilistes présents d'échanger avec leurs élus sur de nombreux points : utiliser le bon véhicule pour le bon usage, l’autopartage, les particules fines, l’hydrogène, les voitures électriques… et partager leurs craintes concernant la mise en place de cette ZFE. L'occasion aussi, de mieux en comprendre les enjeux et la raison d'être.
Les prochaines tables rondes de Roole au sujet des ZFE auront lieu à Rouen le 22 juin et à Bordeaux le 5 juillet.