Voiture électrique : les grandes questions à vous poser avant d’acheter
Passer d’une voiture thermique à une voiture électrique ne va pas de soi. L'autonomie, la recharge, l'entretien, le budget global, les aides de l'État... Les questions ne manquent pas. Nous les avons posées à un expert, Alexandre Cammilli, conseiller commercial chez Peugeot-Stellantis.
Quelles sont les premières questions déterminantes à se poser avant de passer à la voiture électrique pour la première fois ?
Alexandre Cammilli : Les deux principales sont “Quel est mon kilométrage quotidien ?” et “quelles sont mes solutions de recharge ?“. Toutes les voitures électriques disposent d'une autonomie différente. Il y a des véhicules citadins avec une autonomie comprise entre
Bon à savoir
Les constructeurs parlent d'autonomie WLTP, en kilomètres, qui exprime a distance maximale qu’une voiture électrique entièrement rechargée peut parcourir. Mais il s'agit d'une autonomie théorique. En réalité, l'autonomie dépend du style de conduite et du type de trajet : vous aurez moins d'autonomie en roulant à 130 km/h sur l'autoroute, qu'en roulant en ville !
La question de la recharge est également cruciale bien que nous ayons en France un réseau de recharge très important qui continue de se développer de mois en mois. On trouve désormais de plus en plus de bornes autour de chez soi, en centre-ville, et des superchargeurs dans les zones commerciales. Mais l’idéal est de pouvoir recharger à domicile ou au travail. De plus en plus d’employeurs mettent à disposition de leurs salariés des solutions de recharge.


Comment connaître sondéterminer le kilométrage quotidien ?
A.C. : Quand un acheteur “décortique“ son quotidien, il se rend rapidement compte qu’il ne roule pas tant que cela. Son trajet habituel [entre le domicile et le travail, NDLR] est simplement ponctué de quelques imprévus pour aller faire une course, du sport ou pour les loisirs.
Bon à savoir
La distance moyenne du trajet domicile-travail d'un Français est de 18 kilomètres (Source : Baromètre 2023 de l’Ifop pour Alphabet Mobilité)
Quel temps prévoir pour la recharge d'une voiture électrique ?
A.C. : Pour les personnes effectuant de longs trajets [lors d’un départ en vacances par exemple, NDLR], il faut privilégier les superchargeurs. On en trouve partout, mais principalement sur les autoroutes. La charge rapide permet de récupérer 80 % d’autonomie en une trentaine de minutes. Puisqu'il est conseillé de faire une pause toutes les deux heures pour se dégourdir les jambes ou aller boire un café, il faut en profiter pour recharger.
Bon à savoir
Si elles sont trop fréquentes, les recharges rapides finissent par endommager la batterie et diminuer ses capacités.
Mais au quotidien, il faut vraiment privilégier la charge lente. Chez soi, on peut brancher son véhicule la nuit pour profiter des heures creuses. On peut aussi se brancher sur son lieu de travail. Une journée de 7 heures environ laisse largement le temps au véhicule de se recharger.
Une voiture hybride rechargeable peut-elle être une meilleure alternative dans certains cas ?
A.C. : Les hybrides rechargeables peuvent servir de transition pour les personnes qui ne veulent pas passer tout de suite du thermique au 100 % électrique. Cela permet de découvrir l’usage de l’électrique pour le quotidien, avec une autonomie comprise entre 50 km et 80 km, sans se poser la question de la recharge pour les trajets plus longs. Pour autant, je pense qu'aujourd'hui la plupart des gens peuvent passer à l’électrique : entre l’autonomie de plus en plus importante des VE et le maillage des bornes en France et en Europe, il n’y a plus vraiment de frein.
Faut-il opter pour l’achat, la location longue durée ou la location avec option d’achat ?
A.C. : Aujourd'hui, nous poussons vers la location pour plusieurs raisons. La première, c’est l’évolution technologique. La Peugeot e-208 actuelle, par exemple, dispose d'une autonomie comprise entre 250 km et 350 km, alors que la génération précédente ne dépassait pas les 250 km d’autonomie… On sait donc que dans quelques années, le même modèle gagnera encore en autonomie. Cela permet au client d’augmenter son rayon d’action au fil des évolutions technologiques.
Le prix est évidemment un autre facteur décisif, le principal frein au passage à l’électrique étant le coût à l’achat. En location, les constructeurs font des efforts qui permettent d'atteindre des loyers proches de ceux d'un véhicule thermique équivalent.
À l’usage, quelles sont les différences avec un véhicule thermique ?
A.C. : À la conduite, il n’y a guère de différence avec un véhicule thermique à boîte automatique. Les véhicules électriques sont plus silencieux et ils ont un couple très important. Ce sont des véhicules assez puissants, qui permettent de se sortir plus facilement de situations délicates.
L’entretien est moins fréquent sur un véhicule électrique. Sur un véhicule thermique on est plutôt sur des entretiens annuels, alors que sur l’électrique, c’est tous les deux ans. L'entretien coûte, en moyenne, 30 % à 40 % moins cher que pour une voiture thermique équivalente.
Les aides de l’État sont-elles encore assez attractives ?
A.C. : Les aides évoluent assez régulièrement et les clients ne sont pas toujours bien informés de leur montant. Elles se résument aujourd'hui au bonus écologique et à la prime CertiNergy. L'avantage, c'est que les concessions peuvent avancer le montant de ces aides au moment de l’achat.
Combien de clients venus pour acheter une voiture thermique repartent finalement avec une voiture électrique ?
Nous parvenons à convertir un client sur trois à l’électrique. En étudiant son usage quotidien (…) et en analysant ses besoins réels, le client finit par se rendre compte de lui-même que l’électrique est une option… Il faut bien entendu que son budget le lui permette, mais grâce au levier de la location, il est souvent convaincu.