150 points de contrôle pour éviter la panne cet été : que vaut le diagnostic sécurité en concession ?
À l’approche des transhumances estivales, faire pratiquer un diagnostic sécurité sur son véhicule est un gage de tranquillité d’esprit. Expert en la matière, Benjamin Bonnet, chef d’atelier Nissan à Annonay et Vénissieux (Auvergne-Rhône-Alpes), nous explique pourquoi.

Bon à savoir
Selon les concessions, cet examen peut porter des noms différents : “diagnostic sécurité”, “bilan sécurité” ou encore “bilan été”.
Quels sont les points de contrôle compris dans le diagnostic sécurité effectué en atelier ?
Benjamin Bonnet : Comme son nom l’indique, l’accent est avant tout mis sur la sécurité. Nous allons donc vérifier l’état des trains roulants et des pneumatiques, du système de freinage (plaquettes, disques, niveau de liquide de freins), des amortisseurs avant et arrière et des triangles de suspension. À cela s’ajoute un “passage valise“, baptisé Consult chez Nissan, permettant de contrôler le bon fonctionnement de l’électronique. Si on constate qu’un défaut est enregistré dans le calculateur, cela permet d’intervenir afin d’éviter la panne en approche. Enfin, nous effectuons toute une série de contrôles dits génériques, comme vérifier que les lumières fonctionnent, que les portières ferment, que les ceintures de sécurité s’enclenchent correctement, etc. Dans nos ateliers, ce bilan sécurité comprend 150 points de contrôle en tout. Durant le check-up, la voiture est positionnée sur un pont, mais cela peut aller jusqu’à un petit essai routier en cas de doute ou si le client nous a fait part d’un bruit anormal.
Pourquoi recommandez-vous ce bilan à vos clients avant les grands départs en vacances ?
B. B. : D’abord pour une question de sécurité. Avant de prendre la route, en famille, pour un long trajet, il est important d’être rassuré sur l’état de son véhicule. Vérifier le niveau des différents liquides et la pression des pneus, par exemple, est essentiel avant un grand départ. L’autre intérêt est qu’en cas d’usure anormale constatée d’un élément, comme les plaquettes de frein, cela va impliquer leur remplacement. C’est rassurant pour le client.
Quels organes du véhicule sont les plus à risque lors des longs trajets estivaux ?
B. B. : Le premier, c’est le système de freinage. C'est pourquoi nous lui prêtons une attention particulière. Et de manière générale, tout ce qui touche directement à la sécurité comme les pneumatiques et les liaisons au sol. En second lieu, je dirais les calculateurs. Aujourd’hui, les automobiles peuvent compter jusqu’à une vingtaine de boîtiers électroniques. C’est autant de risques de panne potentiels. Lorsque l’un d’eux se met en défaut, cela peut avoir des conséquences dramatiques sur le véhicule, et donc sur la sécurité de ses occupants.
Bon à savoir
La climatisation fait également partie des éléments contrôlés lors du bilan été. La mesure est effectuée à l’aide d’un thermomètre. Si l’habitacle ne se refroidit pas suffisamment, un changement de pièce, facturé, est naturellement proposé par le chef d’atelier.
Comment détectez-vous ces défauts de fonctionnement ?
B. B. : C’est le fameux “passage valise” qui nous le permet. Et c’est parfois très vertueux. Imaginez, par exemple, qu’une personne roule régulièrement sans mettre sa ceinture de sécurité. Au bout d’un certain temps, le calculateur concerné va se mettre en défaut et le voyant de non-port va rester allumé au tableau de bord. Sur le Nissan Juke, par exemple, cela se produit à partir du dixième roulage. Lorsqu’un client nous indique ce problème, nous lui conseillons gentiment de penser à boucler systématiquement sa ceinture.
Les fortes chaleurs peuvent-elles avoir un impact sur le bon fonctionnement du véhicule ?
B. B. : Normalement, non, du moins sur les véhicules récents. Pour autant, j’ai déjà constaté des problèmes de calculateurs sur certains véhicules par très fortes chaleurs. C’est un peu comme un téléphone portable qu’on laisse en plein cagnard pendant plusieurs heures. En général, il n’apprécie pas trop, mais ce type de panne reste très rare sous nos latitudes.
Que peut-on vérifier soi-même, et que vaut-il mieux confier à un professionnel ?
B. B. : Je conseille à tous mes clients de vérifier leur pression de pneus et leurs niveaux de liquides (huile moteur, liquide de refroidissement, liquide lave-glace) une fois par mois. Le liquide de freins, en revanche, c’est plus délicat et il vaut mieux le faire faire en concession. Pour le reste, il est préférable, voire indispensable de s’en remettre à un professionnel. Je pense au contrôle du train avant, qui doit être réalisé sur un pont et avec des outils particuliers, ou à toute la partie électronique qui requiert cette fameuse valise, mais exige également la compétence nécessaire pour analyser ses résultats.
Quelles erreurs ou oublis constatez-vous le plus souvent chez les conducteurs avant le départ ?
B. B. : Assez étonnamment, la bêtise la plus fréquente demeure l’erreur de carburant… Le client qui introduit de l’essence plutôt que du gazole dans son réservoir. Sur la route des vacances, l'erreur est assez récurrente. Une autre aussi, plus grave, concerne l’installation du siège enfant à l’avant du véhicule. Il arrive que le conducteur oublie de désactiver l’airbag passager et cela peut être dramatique en cas de choc frontal.
Y a-t-il des spécificités à prendre en compte pour les véhicules électriques ou hybrides rechargeables ?
B. B. : Les points de contrôle du bilan sécurité sont les mêmes pour les véhicules électriques ou hybrides rechargeables. On va juste porter une attention particulière à l’électronique de la batterie 400 V des voitures partiellement ou totalement électrifiées. Nous prenons donc des mesures de sécurité renforcées au moment du contrôle, mais pour le client, c’est transparent.
À quel moment faut-il idéalement prendre rendez-vous pour un diagnostic sécurité ?
B. B. : Le mois de juin, juste avant l’été, est la période idéale, mais je conseille à mes clients de l’effectuer dès le mois de mai. Ils obtiendront un rendez-vous plus rapidement.
Combien de temps faut-il prévoir pour cette vérification et combien coûte cet “examen” ?
B. B. : Une bonne heure est nécessaire pour un bilan été. Dans certaines concessions, il est payant : son prix peut varier de 100 € à 150 €, sachant que dans notre atelier, par exemple, la main-d’œuvre est facturée 126 € TTC de l’heure. Ici, nous offrons la prestation à nos clients une fois par an. Seules les pièces à changer sont facturées, après accord du client, bien sûr.
Sans la vigilance de notre technicien, le client se serait de nouveau retrouvé sans freins quatre jours plus tard !
Benjamin Bonnet,
chef d’atelier Nissan à Annonay et Vénissieux.
Avez-vous un exemple où un contrôle préventif a clairement évité un incident sur la route ?
B. B. : Pas plus tard qu’hier, un très bon client nous a amené sa Nissan Note de 2013 parce qu’elle faisait un drôle de bruit au freinage. Après vérification, cette voiture n’avait plus de plaquettes de frein ! Plutôt que de les changer sans réfléchir, notre technicien a mené l’enquête et il s’est rendu compte que cette usure totale des plaquettes était due au fait que les étriers de freins étaient grippés. Nous les avons donc remplacés. Sans la vigilance de notre technicien, le client se serait de nouveau retrouvé sans freins quatre jours plus tard, avec les conséquences qu’on peut imaginer. Ce genre d’anecdote me rend fier de mon équipe.