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Tour de France des ZFE : qu’en pensent les Français ?

Par Eva Gomez

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On entend de plus en plus parler des ZFE… Mais est-ce que les Français savent vraiment de quoi il s’agit ? Et quand c’est le cas, que pensent-ils de ces zones à faibles émissions en cours de déploiement dans de nombreuses agglomérations françaises ? Nous avons fait un petit tour de France des ZFE en mode micro-trottoir pour prendre le pouls de la connaissance et de l'acceptation de cette mesure, qui n'est pas au bout de ses rebondissements...

La mise en place des Zones à Faibles Emissions mobilités (ZFE-m) fait couler beaucoup d’encre depuis quelques mois. Taxées d’être des « bombes sociales » à retardement, montrées du doigt pour le manque de concertation et d’harmonie au niveau national, ces ZFE ont du mal à se faire accepter par les Français. Depuis plus d’un an, nous allons régulièrement à la rencontre de citoyens concernés par la mise en place d’une de ces zones. En 2022, nous avions pris la température à Strasbourg, Nice et Boulogne-Billancourt. Et au cours du premier semestre 2023, les équipes de Roole ont permis à des automobilistes de se rassembler à l’occasion de tables rondes organisées dans 4 villes françaises concernées par la mise en place d’une Zone à Faibles Emissions mobilité (ZFE-m) : Lille, Lyon, Rouen et Bordeaux. Ces ZFE-m ont été au cœur d’échanges avec des élus locaux, dont l'objectif était d’éclaircir les zones d’ombre toujours bien présentes autour de ce dispositif.

Un niveau de connaissance inégal et des avis contrastés

Dans cette vidéo, nous avons compilé des réactions recueillies lors de nos différents micro-trottoirs et elles sont édifiantes : la dénomination « ZFE » en tant que telle parle à très peu de monde, mais quand on explique de quoi il s’agit et qu’on évoque les vignettes Crit’Air, tout le monde réagit et a déjà entendu parler du dispositif. Il y a ceux qui sont contre : « Je pense que c’est une mauvaise idée. Mon père a un véhicule diesel qui date des années 1990 (…) Il ne peut pas investir dans un nouveau véhicule pour le moment car il est retraité », a-t-on entendu à Lyon. « Je ne suis pas du tout d’accord pour la bonne raison que je pense qu’on met beaucoup de gens en difficulté, parce qu’il y a des gens qui n’ont pas les moyens pour acheter un nouveau véhicule », nous a partagé une automobiliste rouennaise… Et ceux qui sont plus nuancés : « Je trouve ça très bien pour la protection de l’environnement mais en tant qu’usagère d’une automobile, je trouve ça galère », a réagi une passante à Lyon. « Cela peut créer des débats par rapport à ceux qui n’ont pas les moyens de s’acheter des véhicules électriques, hybrides ou derniers modèles », reconnaît encore un passant à Lille.

Et ce que l’on retrouve dans toutes les villes sans exception, ce sont les interrogations que soulève la mise en place de telles zones. Les automobilistes craignent de se voir obligés de changer de véhicule au péril de leurs économies, ou d’être contraints à repenser leur mobilité, sans forcément y être bien accompagnés.

Les alternatives à la voiture : des inégalités selon les territoires

Selon les villes, les réseaux de transports en commun sont souvent critiqués pour leur manque de fiabilité. « J'ai pris un abonnement vélo parce que je vais trois fois plus vite que le tram ! Le tram, en heure de pointe, c'est trois quarts d'heure pour faire 4 km », s'agace par exemple un usager des transports bordelais. Mais certaines agglomérations semblent convaincre leurs citoyens, avec la mise en place de moyens de transports en commun ou le développement de la mobilité douce (vélo, marche…), comme à Nice ou à Rouen. A Nice, une automobiliste évoque les parkings relais gratuits, qui permettent de laisser sa voiture pour emprunter le tramway, un autre souligne la présence en nombre de pistes cyclables et de bus électriques. A Rouen, l’efficacité du réseau de transports est également largement soulignée par les personnes que nous avons rencontrées. « Quand on habite Rouen et autour de Rouen, c’est très bien distribué (…) Par contre, c’est toujours un problème pour les gens qui habitent à 25 km : on ne peut pas venir sans voiture », remarque toutefois une habitante de la métropole.

La « clarification » du gouvernement

Peu après notre dernière visite à Bordeaux début juillet, le ministre de la transition écologique Christophe Béchu a tenu une conférence de presse lors de laquelle il a annoncé « une clarification » concernant ces zones à faibles émissions, qui passe par une création sémantique. Le but est de distinguer « les villes qui sont régulièrement en dépassement des seuils [de pollution atmosphérique, Ndlr] et celles qui ne le sont pas ». Les villes concernées par les dépassements de seuils de pollution atmosphérique deviennent ainsi des « Territoires ZFE » et les autres agglomérations de plus de 150 000 habitants sont désormais appelées « Territoires de vigilance ». Au final, seules 5 agglomérations françaises sont aujourd’hui classées « Territoires ZFE » et ont pour obligation d’interdire la circulation des voitures Crit’Air 3 à horizon 2025 : Marseille, Lyon, Rouen, Strasbourg et Paris. Cette dernière a d’ailleurs voté le 13 juillet dernier, le report de l’interdiction des Crit’Air 3 au 1er janvier 2025, au lieu de juillet 2023. Toutes les autres agglomérations de 150 000 habitants ne sont plus contraintes d’instaurer un calendrier progressif : leur seule obligation au 1er janvier 2025 est de mettre en place un zonage interdit aux véhicules immatriculés avant le 31 décembre 1996, soit les véhicules non classés.

La carte des ZFE existantes et futures, selon les mises à jour du 10 juillet 2023.
La carte des ZFE existantes et futures, selon les mises à jour du 10 juillet 2023.

Vers de possibles évolutions

Cette rentrée 2023 devrait donc voir certaines villes déjà engagées dans la mise en place de leur ZFE annoncer un assouplissement de leur calendrier ou, au contraire, une réaffirmation des engagements pris à l’origine de la création de leur ZFE-m. Nous ne manquerons pas de suivre toute cette actualité de très près pour vous tenir informés !